La pandémie a bouleversé le quotidien des entreprises. Aujourd’hui, la question du bien-être au travail est plus que jamais d’actualité. Marie-Claude Chazot, Directrice des Ressources Humaines chez Sage France, Belgique et Maroc nous explique comment elle s’est occupée de ses collaborateurs pendant cette période. Elle revient également sur ce qui a été mis en place.
– Depuis le début de la crise sanitaire, à quels nouveaux défis avez-vous fait face ? Sont-ils différents d’un pays à l’autre ?
L’impact de la pandémie s’est traduit majoritairement dans la mise en place d’un télétravail à temps complet et massif pour l’ensemble des salariés. La situation a été partout la même, les défis partout identiques.
Nous les avons adressés en essayant, d’abord, de comprendre quelles étaient les préoccupations des salariés. Cela a pris la forme d’enquêtes internes pour prendre le pouls et savoir où en étaient nos collaborateurs. Des actions existaient déjà chez nous au niveau de la santé et du bien-être. Elles étaient plutôt cantonnées sur un mois en particulier. Elles ont été élargies à l’ensemble de l’année. Nous avons établi aujourd’hui une politique santé et bien-être tournée autour :
– Du sport, de la nutrition et de séances de rigologie, qui ont eu du succès cette année compte tenu du contexte morose. Cela a fait du bien à tout le monde.
– Des cours de sport en ligne. Nous avons la chance d’avoir des coaches sportifs en interne.
– De l’accompagnement type coaching également. Trois coaches en interne sont à la disposition de nos salariés et peuvent être sollicités directement par eux.
– Des actions autour de l’organisation du télétravail. Beaucoup au début parce que c’était une nouveauté pour un grand nombre de salariés.
– De plus en plus d’actions conjointes avec la médecine du travail. Elles se déclinent différemment selon les pays. Parce que l’enjeu bien-être se déplace sur un enjeu d’impacts de la sédentarité lié au télétravail.
Ce que nous mettons en œuvre pour l’ensemble des salariés depuis cet été, avec un gros coup d’accélérateur à la rentrée, c’est la détection des RPS adaptée au contexte de travail à distance. La distanciation crée une difficulté supplémentaire pour les managers, notamment dans leur capacité d’identifier les signaux simples faibles qui peuvent être liés à un épuisement professionnel ou à une situation du mal-être. Nous avons décidé de former plus de 500 de nos collaborateurs sur ces sujets par le biais du gaming.
– Selon vous, pourquoi est-il important de faire attention au bien-être au travail de tous ?
Cela fait partie de nos valeurs piliers. Nous en avons 3 au sein de Sage : le succès client, le succès pour nos collègues et l’innovation. Dans la partie collègues, le bien-être au travail est un facteur d’engagement. Nous sommes très attentifs à son suivi et à la manière dont nous pouvons accompagner nos salariés sur ce sujet.
En fin d’année 2020 et début d’année 2021, le groupe a par exemple octroyé à l’ensemble des collaborateurs trois jours de repos supplémentaires, les « Recharge Days », en plus des congés payés, dans une volonté de reconnaitre les impacts de la période traversée sur le bien-être de tous.
Tout ceci entre dans les missions de tout employeur, qui sont notamment en France, un devoir de responsabilité du bien-être physique et moral de ses collaborateurs. C’est un engagement absolu.
Compte tenu de la période, des nouveaux modes de travail et des attentes des collaborateurs qui évoluent, le bien-être revêt une nouvelle importance au niveau des organisations. Le télétravail a fait basculer très rapidement l’environnement professionnel dans un univers personnel. Pour continuer à exercer une activité qui va être bénéfique à l’organisation, il faut avant tout que le collaborateur se sente bien et à l’aise dans cet environnement.
– Comment cette pandémie a impacté votre rôle ?
D’abord, en mars de l’année dernière, elle a tout balayé en termes de sujets. La première chose coté RH a été de s’occuper du maintien et de la poursuite de l’activité. La deuxième, de s’assurer que chacun avait les bonnes conditions pour travailler de chez soi. La troisième, cela a été d’être hyper innovant pour garder du lien entre les salariés, de continuer à créer des temps d’échanges, de partages.
Au sein de Sage, nous nous sommes beaucoup appuyés sur la communication, en proposant des Teams avec l’ensemble des collaborateurs, 1500 personnes, tous les jeudis matins. J’ai parlé à l’ensemble des salariés toutes les semaines sur des sujets divers et variés, répondu aux questions, nous avons mis à disposition des FAQ, proposé des accompagnements, créé des groupes avec mon équipe, bien évidemment je n’étais pas toute seule pour maintenir le lien.
Depuis septembre de l’année dernière, nous avons pu entamer une nouvelle phase, en se posant la question suivante : « Maintenant que nous sommes sortis de la phase d’accélération et d’adrénaline, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on garde de tout cette effervescence qu’il y a eu pendant la pandémie ? »
Nous avons choisi de garder beaucoup de choses en termes de communication, de groupes qui se sont créés. Notamment avec nos managers.
Cette situation nous a permis au final de renforcer la communication directe avec les salariés et de donner l’habitude de les solliciter régulièrement, pour comprendre leur état d’esprit, et d’incorporer tous les feedbacks reçus au sein de nos actions d’engagement et notre politique RH.