L’avenir des réformes économiques : entre désir et discrédit

Et maintenant…
Après la réforme des retraites, toute réforme économique deviendrait-elle impossible en France jusqu’à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron ?
En apparence, les dés seraient jetés : l’impopularité croissante de l’exécutif, les tensions générées par la réforme des retraites, les épreuves du « cheminement démocratique », l’épuisement d’une large partie du pays, tout cela plaide pour une répudiation de l’« élan réformateur ».

Et pourtant…
Pourtant ni les décideurs en entreprises, ni les Français, ne condamnent sur le fond les autres réformes en cours ou envisagées. Tel est l’un des enseignements majeurs de la nouvelle livraison du Baromètre des Décideurs Viavoice – HEC Paris – Le Figaro – BFM Business, soutenu par le Global Center for the Future, diffusée aujourd’hui par BFM Business et publiée demain par Le Figaro.

La réforme de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er février, apparaît comme « une bonne chose pour l’économie française » aux yeux de 57 % des décideurs et 51 % des Français.
Les idées du futur projet de loi « Plein emploi » sont elles-mêmes appréciées, pour le moment :
– L’idée d’un Compte Epargne Temps Universel (soutenue notamment par la CFDT) est approuvée par 76 % des décideurs et 64 % des Français ;
– L’alourdissement des indemnités en cas de ruptures conventionnelles pour les plus de 55 ans est approuvée par 66 % des décideurs et 58 % des Français.
L’idée des 15 ou 20 heures d’activités hebdomadaires envisagées pour les bénéficiaires du RSA est elle-même largement soutenue.

Telle est la singularité de cette séquence qui s’ouvre : des réformes économiques volontiers désirées pour leur contenu, mais à l’épreuve du discrédit dont souffre l’exécutif. Certains y verront un frein politique préjudiciable à l’adoption de ces réformes pourtant souhaitées ; d’autres y verront au contraire une opportunité pour un exécutif éprouvé par la réforme des retraites.

Une chose est sûre : l’équation des mois qui viennent n’est pas celle d’un pouvoir populaire promouvant des réformes, mais celle d’un pouvoir en partie discrédité s’attachant à des réformes souhaitées.
Comme si les réformes économiques en cours et à venir, loin de devoir constituer uniquement une opportunité pour l’économie, les entreprises ou les salariés, s’affirmaient également comme une éventuelle planche de salut pour le pouvoir. Un quitte ou double.

https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/good-morning-business/francois-miquet-marty-viavoice-le-moral-des-decideurs-chute-mais-ne-s-effondre-pas-27-03_VN-202303270099.html

Merci à HEC Paris, et à Christophe Jakubyszyn et Laure Closier pour cet échange « Good Morning Business » sur BFM Business. Merci à Marie Visot pour les données et éclairages à découvrir demain dans Le Figaro.